Nous nous félicitons de l’écho que rencontre notre article dans la presse autant par sa publication que par les articles complétant de nos analyses.Comme pour le dossier TELETECH, les emprunts toxiques de DIJON, la SPLAAD, le Crédit Municipal, nous continuerons notre rôle d’analyse sur la Cité de la Gastronomie.Nous publions ici l’article complété par une étude des différentes menaces pesant sur ce dossier décidément mal engagé.
Apres des mois de silence, après des mois de tergiversations en coulisses, la nouvelle a été annoncée en conseil municipal du 15 décembre 2014. A la surprise générale, c’est la société EIFFAGE qui a été choisie pour piloter la création de la CITE DE LA GASTRONOMIE sur DIJON, au détriment de la société SEGER.
Et le moins que l’on puisse dire, est que ce choix soulève énormément d’interrogations.
La première de ces questions repose sur le principe même de cette cité. Prévue au départ pour être unique, la CITE DE LA GASTRONOMIE représentait un véritable enjeu de développement pour la ville choisie. Par manque de courage politique et non pour raisons économiques, cette cité a été répartie entre 4 agglomérations (LYON, TOURS, RUNGIS et DIJON). Pour justifier ce choix, il nous a été expliqué que chaque cité devra avoir sa spécialisation. Hormis les spécialistes de la gastronomie, qui saura faire la différence entre chaque cité ? Cette segmentation, sur 4 lieux, sera une source de confusion pour les visiteurs potentiels. Et le touriste étranger quel site choisira-t-il ? PARIS, LYON ? (villes desservies par un AEROPORT) ou DIJON ?
La réponse ne fait aucun doute … sauf à avoir une réelle différenciation.
Et là aussi nous pouvons nous interroger sur le choix de la thématique retenue pour DIJON (culture de la vigne et du vin). Il semble difficile d’imaginer DIJON détrôner BEAUNE, ville considérée depuis longtemps comme la capitale de la région viticole. BEAUNE a d’ailleurs un projet en cours de Cité du vin, piloté par la profession ( BIVB) qui devrait ouvrir en 2017. Quelle place restera-t-il pour DIJON ? Avec des touristes de plus en plus consommateurs de courts séjours, il y a fort à parier qu’ils préfèreront BEAUNE, située au milieu des vignobles, possédant une longue expérience en la matière et forte d’une renommée internationale, à DIJON.
Or ce problème d’attractivité est fondamental pour assurer la pérennité de cette cité.
Financée sur fonds privés, il est impératif que l’opérateur soit assuré d’un retour sur investissement. Pour preuve, les lauréats étant si peu certains de la réussite du projet que ce n’est pas sur le développement de la cité qu’ils ont assis leur rentabilité, mais sur le prix d’achat : 12M € pour EIFFAGE (SEGER en proposait 20 M€) et aussi sur la construction de 640 logements.
Le projet ressemble donc plus à un projet immobilier qu’à un projet touristique.
C’est ainsi qu’EIFFAGE doutant à l’évidence du succès de cette cité, a ajouté au projet touristique, la création d’un multiplexe cinématographique devant attirer 500 000 spectateurs sur le million de visiteurs attendus. Une fois de plus nous pouvons nous interroger sur les chiffres avancés par la ville de Dijon, le projet de Beaune prévoyant lui 90 000 visiteurs par an. Autant dire que si le multiplexe ne voyait pas le jour, c’est la pérennité même du site qui ne serait pas assuré. Et c’est ici ou le projet prend une tournure ubuesque, puisque la municipalité prévoit de délocaliser l’OLYMPIA, seule hypothèse possible pour la création d’un multiplexe. Rappelons-nous que CHENOVE, qui est à seulement 2 KM de la cité de la Gastronomie, avait un projet de multiplexe et que celui-ci a été retoqué par la commission d’aménagement commercial. De plus, la société propriétaire de l’OLYMPIA, principale intéressée, déclare dans la presse, ne pas être au courant et rajoute ne pas avoir l’intention de « restructurer », selon l’expression de la mairie, ses cinémas qu’elle vient de rénover. Intension qu’elle a fait savoir haut et fort.
Cette délocalisation porterait à n’en pas douter un coup fatale au centre-ville déjà très mal en point.
Nous constatons ici, toute la faiblesse du projet présenté. Ce qui semble logique et induit par la procédure très curieuse « d’appel à manifestation d’intérêts ». En effet, la procédure choisie, d’appel à manifestation d’intérêt, permet de choisir un nombre restreint de candidats suivit d’un appel d’offres ultérieur. Or avec un seul lauréat qui présente un projet complétement abouti, nous pouvons émettre les plus grandes réserves … Nous constatons, alors que nos amis socialistes font l’éloge de la simplification administrative, de quelle façon ils entendent mener ce chantier.
Tous ces éléments ne peuvent qu’alimenter nos doutes sur la viabilité, à moyen terme, de cette cité de la Gastronomie. Une autre orientation est possible. Ainsi, et nous l’avions défendu en mars 2014, en bâtissant un vrai projet mettant la CITE DE LA GASTRONOMIE au cœur de la ville. En associant ses habitants, ses commerces et ses monuments, c’est-à-dire en regroupant tous les atouts de Dijon, ce projet deviendrait véritablement différenciant et attractif. Mais un tel projet, qui nécessite quelques moyens que la ville n’a plus, ne pourrait-être mené que par la collectivité. En étant obligé, par un endettement trop important de Dijon, de confier ce projet à un promoteur, nous risquons à l’évidence de voir la création d’un DISNEYLAND de la Gastronomie, alors que ce projet est une opportunité unique de reconquête du centre-ville.
Nous ne pouvons que regretter une fois de plus cette occasion perdue.
Les risques potentiels du dossier :
Un certain nombre d’évènements rendent ce dossier à risque et montrent bien à quel point le dossier est mal ficelé :
Type de risque
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Probabilité |
Commentaire |
Retard dans le montage du projet |
forte |
Projet qui a déjà pris du retard (recherche d’investisseurs) et départ retardé du CHU, il y a fort à parier que les délais de montage du dossier ne seront pas tenus compte tenu de sa complexité.
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Recours contre la cession des Bâtiments de l’Hôpital par le CHU à la SPLAAD |
Moyenne |
Tout dépendra du prix de cession, plus il sera faible plus le risque sera élevé |
Recours juridique |
forte |
Le risque est fort pour que des associations ou des personnes fassent un recours contre le projet (Tribunal Administratif /Conseil D’Etat) plusieurs années de retard sont possibles (Voir ce que cela a donné avec La LINO). Idem le projet devra être validé par l’Architecte des Bâtiments de France |
Archéologie préventive |
forte |
Compte tenu du site, des fouilles seront prévues et il existe une forte probabilité de déboucher sur des découvertes intéressantes voire majeures et d’entrainer des campagnes de fouille complémentaires. |
Désamiantage |
forte |
Le bâtiment comme tous les bâtiments publics anciens est bourré d’amiante. Compte tenu de la complexité de cette opération, de la superficie, cela risqué de prendre plus de temps que prévu. |
Abandon par l’investisseur de la cité de la gastronomie à terme. |
moyenne |
Selon les garanties données par la Municipalité, ce risque sera plus ou moins grand, ces garanties auront forcément un coût pour la collectivité. |
Recours du concurrent évincé (SEGER) |
faible |
Même si la procédure présente de nombreuses faiblesses juridiques, il est peu probable que le perdant fasse un recours |
Ludovic BONNOT et Franck AYACHE
Tagged: Cité de la Gastronomie, Dijon, F.AYACHE, Grand Dijon
Mais les choses n allaient pas s arreter la, 4 et pourquoi pas 5 et 6 et 12 ?… La France est tellement riche, elle a aussi tellement besoin de porter haut sa gastronomie mais aussi de se persuader que c’est utile que chacune des cites deploit aussitot ses arguments pour convaincre de l’utilite de tels projets.